Dans les ruisseaux / Tamise le fond des eaux froides
Ce que tu trouveras / Prendra valeur de sombre / En ton poing / Valeur de talisman
En plus profonde cache / Couche-le
Oracle d’étole
La première chose que je peux vous dire c’est la lumière qui trace une fenêtre sur la pierre. Puis la chaleur qui recouvre ceux qui s’y adossent. Et l’élan, minuscule élan, qui emporte la paume vers le pan, et fait sentir cela : la lumière sur la pierre. Et l’ombre froide à son versant.
I
Ombre
Déteinte en la nuit
Fends
La pesance du ciel
Trouve l’échappée
Du noir qui recouvre tout
Tranche l’étole
Et recouvre-t’en
II
En l’ample nuance
Clos ce qui te pousse
Répands
L’épaisseur
Par lentes poussées
Obture tes ouïes
D’une tourbe grasse
Embourbe les étoiles
Et recouvre-t’en
III
Des couches diffuses
Compose la lie
Tant de contours dissous
S’épandent en liure
Couchant seulement
Dans l’étale
Abaisse le ventre
En sa pliure
IV
Encreuse les bords
Des abîmes
Et des lueurs faibles alentour
Mouille les mèches
De salive
Pressens ce qui enfle
Retourne-le
Et recouvre-t’en
V
En première nuit
Aux flammes restantes
Les insectes viendront
Avec l’oiseau
Forme un pacte
Ailes brûlées
Luisances finiront
En l’engoulevent
VI
N’écoute pas l’aveugle
Car il ne te voit pas
Quand la nuit sera même
En ses yeux qu’au dehors
Il ouvrira les yeux
Et verra
Alors sera régnant
Parmi les amples
Disons-le d’emblée, le projet d’écriture d’Aodren Buart, Marée haute, a été un coup de cœur pour la commission que La Marelle avait réunie pour désigner les projets d’écriture accueillis en résidence de création. Le jury avait été immédiatement séduit par l’efficacité du pitch et le plaisir de « la bonne histoire » : Marseille, recouverte par un tsunami, continue à vivre, comme si de rien n’était, sous les eaux. Cette situation absurde, rocambolesque, semble étrangement compatible avec la fougue et la folie marseillaises !
Une bonne histoire donc, tout simplement, qui engagera l’auteur à arpenter les rues et les eaux de Marseille, à rencontrer ses habitants, à récolter leurs histoires de mer.
Aodren Buart met le récit en avant, et ne l’affuble pas d’artifices de forme ou d’intention. Il envisage davantage les explorations formelles (le dessin, la bande dessinée, le son, la vidéo) comme des entrées dans l’écriture, comme des stimulations du travail d’imagination. Ces croisements sont inscrits dans les racines de La Marelle et nous sommes toujours heureux d’accueillir des créations qui frôlent plusieurs champs, tentent l’expérimentation et proposent une porosité.
Il a déjà une expérience riche dans le domaine du théâtre et commence à approcher celui du cinéma (il intègre la Fémis à la rentrée prochaine). En littérature, le parcours s’annonce aussi prometteur : deux livres publiés chez Phébus, et plusieurs manuscrits prêts en poésie, théâtre, récits de voyages... Nous nous réjouissons à La Marelle d’accueillir Aodren Buart et son appétit d’écriture et de création, et nous avons hâte de découvrir avec lui comment Marseille pourrait vivre sous les eaux !
Fanny Pomarède,
La Marelle
La « revue radiophonique », enregistrée en studio à Marseille, puis diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.
Cette revue est disponible dans sa version papier ou en ligne, au format .pdf téléchargeable.
La Marelle
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