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En résidence de création

Se traduire en jardin
Nathanaël

■ Décembre 2019 à février 2020
■ Marseille

Le projet d’écriture

À travers la mise-en-dialogue de plusieurs gestes (la marche, la photographie – argentique – et l’écriture), un projet phototextuel qui s’intéresse avant tout à la pierre, au minéral.

Note d’intention de l’autrice

Lors d’une entrevue accordée il y a quelques années, le philosophe-architecte Paul Virilio, à qui on avait posé la question de savoir si lors des bombardements qui assiégeaient Nantes pendant la deuxième guerre mondiale il se cachait "en sous-sol, dans les caves", a répliqué : "Il y avait des jardins derrière. On y allait. On avait peur d’être ensevelis. On entendait les gens hurler dans les caves, noyés par les conduits d’eau. Alors mon père avait dit : nous, on n’y va pas. Donc on allait dans les jardins, on s’allongeait par terre." Dans la récriture très libre, en anglais, de ce texte, le mot jardins est remplacé par le mot fields : champs. La distance est infranchissable entre ces deux désignations. Nadie está in algún jardín ("Personne n’est dans quelque jardin") écrit la poète argentine Alejandra Pizarnik dont le corps est formulé par ce même ailleurs qui échappe à la langue, où un jardin peut soudain ce transformer en champ : en champ de tir, en champ de bataille, en champ visuel, en champ hors-champ, où le corps a lieu loin des yeux. Où sa traversée est entendue : debout, couché. À l’abri à découvert.

Le texte de Se traduire en jardin s’étonnera de l’abri à découvert que pouvait représenter un jardin. Il s’attardera à la jonction de la pierre et de l’eau. Il contestera l’étanchéité des espaces clos et leur contraire. Il se dira pour commencer qu’une guerre est faite de pierre, et s’engagera à retourner cette constatation en question. Il regardera de près certains visages de pierre. Celui, par exemple, d’Antinoüs, jeune amant suicidé d’Hadrien, dont la moitié se trouve à Rome, et l’autre moitié à Chicago. Ceux du monument Cap 110 en Martinique, vigiles au bord d’une eau dont le rocher du Diamant a fait sombrer en 1830 un négrier illégal. Le visage arraché de la Victoire de Samothrace, dont l’aile bleue éblouie par le blanc du marbre, frôle une vague sans remembrance, à la proue d’un navire échoué. Et ceux, sans traits apparents — "visage[s] de pierre, serré[s] comme un poing" (Paul Celan), des aurails des Pomègues, lieux d’amarrage et de délestage, de corps aboutis, entre mers et terres, et dont le cri s’attache en profondeur à son mutisme. Pensées fleurissantes du midi.

Nathanaël

En son et en images…

Une rencontre au CIPM


Un entretien avec Pascal Jourdana réalisé au CIPM, Centre international de poésie Marseille, le 18 janvier 2020.


La première chose que je peux vous dire…


La "revue radiophonique" diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.


Le lieu de résidence

À Marseille, La Marelle dispose de deux appartements indépendants, l’un sur le site de la Friche la Belle de Mai, l’autre à proximité du Palais Longchamp.

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