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Croyant voir la nuit je vis du sable
J'écrivais quand je dormais je dormais quand j’écrivais je m’endormais dans une phrase je donnais du sens aux murs aux couchages à tous tuyaux
L’eau me donnait du sens et je buvais

La première chose que je peux vous dire…

Laura Vazquez

Revue #88

Décembre 2021

La première chose que je peux vous dire…

La première chose que je peux vous dire c’est que je n’ai rien à vous dire. Je vais mettre des poèmes dans cette revue, je mettrai aussi des dessins d’enfants, et ils diront la première chose.

Extraits d’un livre en cours d’écriture

Extrait du chapitre trois


Bonjour et salut
Voilà pourquoi depuis toujours je bougeais pour comprendre
Voici parmi les manières de raconter les choses
Une

J’étais jeune au départ
Je ne connaissais pas ma taille car je ne connaissais ni rien ni mal ni bien les choses
Les serpents n’ont pas la connaissance des hauteurs et des larges
C’est faux je n’étais pas serpent j’aurais pu l’être car je remarque cent fois tout est faux mais vrai
et les serpents mesurent ce qu’ils trouvent avec leurs corps c’est leur manière de la vie c’est ma
manière moi-même car je veux comprendre le monde avec mon corps écoutez-moi

Je connaissais l’inconnaissance
Je sais qu’il y a des villes dans le monde des continents du terrain
Je sais qu’il y a par exemple des choses comme des arbres
Au départ mes yeux taillaient les arbres

Normal et normalement
Sont deux frères
Mes yeux augmentent la taille des herbes des arbres tout ce que je voyais et normalement dans
mon esprit j’avais le don de moi

J’étais comme tous les êtres miraculeux
Attention mon œil augmente ta tête ô
Oui
Mon œil augmente ton visage ô
Parfois ta tête est si minuscule pour moi
On dirait uniquement et uniquement
Une petite boule puante prête à éclater
À écraser non et c’est comme ça que je voyais les autres alors
Imaginativement
J’ai fait un enfant et j’avais ce bébé dans ma vie
J’écrasais les miettes du pain dans son ventre
Le ventre de mon fils
Imaginativement
Imaginativement
Pour qu’il n’ait plus besoin de digérer de parler de souffrir
Je faisais tout
Imaginativement j’avais l’impression d’être une trace sur moi
Es-tu une trace sur toi ? Oui
Es-tu une trace sur toi ? Oui
Je suis une trace sur moi ? Je réponds oui
Je suis une trace sur moi ? Ô oui

Chaque soir matin midi Dieu me demandait d’arrêter mes prières et mes murmurements
Je dis ok et je me faisais boire de la lumière fine et chaude par les cils
Je dis ok ok mais je priais quoi ? Le soir mais il n’y a pas de soir pour donner la réponse
J’étais fou non ?
Dans mon appartement je fabriquais des fantômes miniatures avec les toiles d’araignées
Je les installais sur des étagères je n’ouvrais jamais jamais les fenêtres
Je n’ouvre plus les portes plus les fenêtres c’est mon serment
Pourquoi ?
Je ressens l’intérieur et l’extérieur

J’étais un enfant qui trouve une abeille morte
Je prenais le miel dans le placard je le faisais couler sur le corps de l’insecte
Je l’enterrais sous le liquide
Pourquoi il ne se passait rien ?
Pourquoi il ne s’est jamais rien passé ?
L’abeille aurait pu dire merci ou autre chose ou ses gestes

Ainsi sachez j’allais dans les hôpitaux pour trouver le chirurgien
Je demandais peux-tu mettre de la crème dans mes poumons pour que mes poumons sentent qu’ils sont poumons ?
Je ne bougeais presque pas
Rien n’est immobile dans le système y compris les cadavres qui se défont puis autrement se font, etc.

Au sommaire

  • Textes inédits "Depuis 2017, j’écris une épopée. En voici des extraits"
  • Bio-bibliographie
  • Le questionnaire ludique ! [extraits des réponses]
    • Une journée type de l'écrivain·e ? 
      Ça dépend du livre en train de s’écrire.
    • Un agacement ?
      L’agacement.
    • Un son, une musique ?
      "Rien d’spécial", de Népal.
    • Un auteur fétiche ?
      J’aime bien les traductions mot à mot du chinois qu’on trouve dans certains livres. Je les lis comme des poèmes. 

Édito

Laura Vazquez est en résidence à La Marelle pour un projet de médiation bien particulier. Poète, romancière, habituée des ateliers d’écriture, elle était la personne parfaite pour cette expérience que mène La Marelle en coopération avec Musicatreize et le Laboratoire de Neurosciences cognitives de l’université d’Aix-Marseille. Le projet "Chant et écriture dans les écoles" de Musicatreize consistait initialement à améliorer les pratiques vocales des élèves avec des ateliers de chant choral. La Marelle s’est associée à ce projet avec un nouvel atelier, organisé dans les mêmes conditions : vingt minutes de pratique d’écriture quotidienne. Simultanément, le Laboratoire de Neurosciences cognitives étudie les effets de cette expérimentation sur l’apprentissage et le développement des enfants. Nous sommes heureux, à La Marelle, de faire partie de ce projet enthousiasmant, et les élèves sont ravi·e·s de revoir leur autrice personnelle tous les matins.

En parallèle, et même en priorité, Laura Vazquez travaille sur un projet d’écriture de poésie. Cette épopée qui n’a pas encore de nom se dessine depuis un long moment, et elle représente, après la sortie de son premier roman, La Semaine Perpétuelle, un retour vers la poésie, plus narrative que ce que nous lui connaissions jusqu’ici. Voici ce qu’elle peut en dévoiler pour le moment : "C’est une grande somme de poèmes sur laquelle je travaille depuis un moment. Il y a comme un personnage qui essaie de comprendre le monde, c’est tout ce que je peux dire, et ce n’est pas moi. Il y a cinq parties dans ce livre, j’en suis à la troisième. […] Certains éléments réapparaissent au fil des poèmes, des sortes de figures, des objets, des personnes. C’est bizarre. Normal. »

Roxana Hashemi,
pour La Marelle, novembre 2021

Informations

Renseignements techniques

Cette revue est disponible dans sa version papier ou en ligne, au format .pdf téléchargeable.

La revue de La Marelle