
En résidence de création
Les graines se souviennent des douleurs des plantes
Jiwon Lee
[Avec le Cipm]
Le projet d’écriture
En résidence au Cipm et à La Marelle, Jiwon Lee approfondit la portée narrative et visuelle de son écriture. Après Les graines se souviennent des douleurs des plantes (2023) — un premier recueil né de son mémoire aux Beaux-Arts de Bordeaux, inspiré par sa vie en Corée du Sud —, elle souhaite désormais écrire sur la deuxième partie de son parcours : sa vie en France.
À travers ses textes, elle explore des questions d’identité, de paysage, de marginalité, ainsi que ce sentiment d’être une mauvaise herbe enserrée entre les fissures du béton.
Note d’intention de l’autrice
Les graines se souviennent des douleurs des plantes est mon premier recueil d’écriture et aussi le mémoire de mon master à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux. C’est la première fois que j’ai fait une édition de mes écrits. Avant cela, l’écriture n’était qu’un outil intermédiaire, un passage vers la pratique artistique. J’avais des doutes sur mes écrits, d’autant plus que je n’ai jamais suivi de formation professionnelle en écriture.
Mais au cours des deux dernières années à l’école, j’ai découvert une passion pour l’écriture poétique et expéri- mentale. Cette passion a émergé grâce à l’accompagnement de l’artiste-poétesse Madeleine Aktypi, ainsi que de mes référents de mémoire, Charles Robinson et Florent Lahache.
Je voulais aller plus loin, sans m’imposer de limites inutiles. J’avais envie d’explorer, de trouver un espace où je pourrais me sentir libre. J’aimerais bien créer mon propre style d’écriture, tester différents types d’écriture. Par exemple, jouer avec les grammaires, essayer des traductions littérales, refléter les confusions entre deux cultures, deux langues complètement différentes : le coréen et le français. Je voulais raconter des histoires sincères, parfois fictives. Cette démarche m’a permis de me sentir enfin libérée.
Je doute souvent en écrivant, me demandant si c’est suffisant. Mais j’ai voulu dépasser les limites que je m’étais imposées. La lecture de L’histoire de l’œil de Georges Bataille a ouvert en moi un vaste champ d’exploration.
Cette expérience d’écriture, tissée de violence, d’histoire, de paysages et d’expériences personnelles, m’a permis de trouver un lieu où je peux cracher le feu qui brûle dans mon cœur.
Pour cette résidence, j’aimerais développer et approfondir la dimension narrative et visuelle de mes écrits. Si Les graines se souviennent des douleurs des plantes s’inspire de ma vie en Corée du Sud, j’aimerais maintenant écrire sur la deuxième partie de ma vie en France. J’aborderai les questions, les confusions et les histoires sur l’identité, le paysage, la marginalité, et ce sentiment d’être une mauvaise herbe enserrée entre les fissures du béton.
Cette écriture continuera à créer les espaces flous entre la fiction et la réalité, à travers des nuages de fumée, pour montrer comment la société d’aujourd’hui nous pousse vers la fin du monde et comment nous y survivons, en utilisant des éléments à échelle domestique.
Jiwon Lee
Extrait de texte
흙위에 서있는다. 발 끝에 전해지는 단단하고 차가운 시멘트는 땅의 손길을 덮고 발바닥 끝에서 부터 척추의 끝까지 잔잔한 충격과 고통을 나도 모르는 새에 전달한다. 오늘 아침에도 무기력하게 좁은 거실 소파에 앉아 베란다 밖을 바라본다. 아니, 배란다 밖의 풍경이 아니라 100미터도 채 안되는 거리의 앞 아파트의 뒷 창문들이 보인다. 하늘은 오른쪽 구석 1m2 도 채 안 되는 크기로만 보인다. 보인다. 보다. voir et regarder. 순간 나를 둘러싼 모든 것들이 아득히 멀어진다. 그리고 낯설어진다. 커다란 돌은 데굴데굴 굴러오고 뿌리를 박을 수 없던 나는 돌에 치여 창문 밖으로 튕겨저 나간다. 7층 높이에서 떨어진 나는 14m 높이를 추락한다. 아니 자유 낙하한다. 내가 추락하는, 자유 낙하 하는 속도 …
être sur la terre pointe des pieds transmet rigide et froid le ciment couvre la touche de la terre au bout de la plante des pieds à partir de au bout de la vertèbre un tranquille coup et douleur moi sans même le savoir trans- mettent ce matin inerte étroit salon sur le canapé balcon extérieur vois non ce n’est pas balcon extérieur paysage 100 m même pas la distance devant appartement et derrière les fenêtres vois le ciel est côté droit coin 1m2 même pas taille voir regarder voir voir et regarder soudain je entouré everything 아득히 éloigner and devient inconnu grand pierre 데굴데굴 vient en roulant qui ne peux pas m’enraciner moi par la pierre frappé et rebondie la fenêtre en dehors partir 7ème étage hauteur chute moi 14m hauteur tomber ou chute libre je tombe je chute libre la vitesse …
Le lieu de résidence
La première partie de résidence de Jiwon Lee a lieu dans l’appartement de résidence du Cipm à Marseille.
La seconde a lieu à la Villa Deroze située au milieu des pins, sur les hauteurs de la cité portuaire de La Ciotat. Confiée avec générosité par Danielle Deroze, elle est destinée à accueillir artistes, auteurs et autrices, pour des projets de création qui souvent se croisent ou s’hybrident.
-
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.