En partenariat avec la Villa Swagatam de l’Institut Français en Inde, La Marelle accueille l’autrice et journaliste indienne Bijal Vachharajani.

En résidence à la Villa Deroze à La Ciotat, elle poursuit l’écriture de Grief, Naturally, un projet de livre explorant les différentes dimensions du deuil – à la fois personnel et collectif – à l’ère des effondrements environnementaux et sociaux. 

À travers une approche sensible et documentée, Bijal Vachharajani interroge la manière dont nous vivons, racontons et partageons le deuil. Son travail s’inscrit dans une réflexion plus large sur notre relation au vivant, à la perte et aux formes possibles de résilience.

Ce livre de non-fiction est en partie un récit personnel de mon parcours de deuil, et en partie un témoignage du deuil plus vaste que nous vivons à l’ère de l’Anthropocène — de longs essais sur les pertes causées par les changements climatiques : l’extinction des espèces, la disparition progressive des sons des insectes et des grenouilles, l’effacement des lignes d’horizon sous l’effet du brouillard, la douleur de chaque respiration avec l’envolée de l’indice de qualité de l’air, la disparition des lucioles et des étoiles étouffées par la pollution lumineuse. Une litanie de pertes dans le monde naturel. Des pertes que nous sommes aussi en train d’oublier.

Nous nous tournons vers la nature — comme nous l’avons compris pendant la pandémie — pour donner un sens au monde. Moi, en tout cas, je le fais. Que ce soit en passant des heures à regarder « Sky TV », c’est-à-dire les nuages depuis mon balcon pendant le premier confinement en Inde ; en écoutant le chant audacieux d’un bulbul ; ou en observant le changement des feuillages au printemps. Ce ne sont pas les tigres majestueux que je vais souvent voir dans la réserve de Ranthambhore, ni l’immensité impressionnante des éléphants du Karnataka qui m’émeuvent le plus, mais bien les petites choses. Et je crains leur disparition. Car elles sont là pour moi chaque jour, tout comme l’était mon partenaire.

Ce livre mêlera mémoire intime, science, histoire naturelle, vécu, interviews, anecdotes et faits rapportés sur le monde naturel et ses pertes, tout en explorant mon propre deuil. J’espère visiter quelques forêts, prairies, et même davantage de jardins pour comprendre certaines de ces transformations de manière plus directe.

Bijal Vachharajani

Depuis le printemps 2021, La Marelle a ouvert cette nouvelle « maison », la Villa Deroze, située au milieu des pins, sur les hauteurs de la cité portuaire de La Ciotat. Confiée avec générosité par Danielle Deroze, elle est destinée à accueillir artistes, auteurs et autrices, pour des projets de création qui souvent se croisent ou s’hybrident.