En résidence de création
Revenir à Homs ?
Omar Youssef Souleimane
Projet de roman
Un Syrien exilé vit en banlieue parisienne. Il reçoit la nouvelle de la mort de son père alors qu’il est seul dans sa chambre. Il fait appel à sa mémoire, pour raconter le personnage de ce père, le milieu où il a été éduqué en Syrie, afin d’arriver à comprendre l’importance de cette perte. Ce milieu présente des points communs avec le monde de la banlieue, les mêmes paradoxes, l’islamisation, la violence. Il va tenter d’y trouver la paix.
La France est devenue une partie de lui-même. C’est la terre qui l’a sauvé de la guerre. S’il vit entre deux cultures, deux langues et deux mondes, il connaît aussi un double exil à Bobigny, dans le nord-est de Paris, où il vit comme un étranger parmi des habitants issus de la même culture que lui. À travers son regard, ses discussions avec les Arabes de banlieue, les islamistes, les dealeurs de drogue, les migrants qui ont réussi à se faire une vie, son amie française qui représente une partie de la jeunesse perdue, il raconte sa vie quotidienne.
Note d’intention de l’auteur
J’ai fui la Syrie en 2012. Depuis, j’ai réussi à me créer une nouvelle vie ici, en France, j’ai appris une nouvelle langue dans laquelle j’écris. Écrire en français signifie pour moi penser dans cette langue, mais pas comme un français, ni comme un étranger : comme un réfugié dans la culture française.
La guerre a changé les gens en Syrie, l’exil m’a changé aussi, mais d’une manière différente. Les questions surgissent. Si je revenais un jour, si le régime du dictateur tombait, est-ce que je me sentirais à l’aise en Syrie ? Ça serait compliqué, je resterais aussi exilé dans mon pays d’origine. Une autre question à laquelle je pense tous les jours : si la guerre n’avait pas commencé, comment vivrais-je aujourd’hui ? Est-ce que je serais toujours en Syrie, dans ma chambre à Homs où j’écrivais et je travaillais comme un journaliste ? Est-ce que je serais marié ? Aurais-je des enfants ? Et peut-être aurais-je réalisé mon rêve de l’époque : faire un doctorat de littérature comparée ? Ces questions n’ont pas de réponses. Mais Naji, lui, n’arrête pas d’y réfléchir. Quand on est obligé de changer de vie, quand on n’arrive pas à décider de son avenir, les questions deviennent obsédantes.
Parfois, j’ai l’impression que tout ce qui s’est passé, toute cette horreur, n’était qu’un film, un songe… Et j’imagine qu’un jour, je vais me réveiller et me trouver à Homs. Cette hypothèse est inspirante, elle me permet de voir les scènes de ma vie d’une façon plus lointaine, de méditer sur les étapes de cette vie, dont on sait à quel point elle est fragile, et courte.
Omar Youssef Souleimane
En son et en images…
Un entretien avec l’auteur
Omar Youssef Souleimane filmé durant la dernière semaine de son séjour en résidence à Marseille : quelques mots pour faire le point sur son travail.
La première chose que je peux vous dire…
La "revue radiophonique", enregistrée en public à la librairie Maupetit à Marseille, puis diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.
Le lieu de résidence
À Marseille, La Marelle dispose de deux appartements indépendants, l’un sur le site de la Friche la Belle de Mai, l’autre à proximité du Palais Longchamp.
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