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En résidence de création

La pause de l’oiseau
Alice Babin

■ Septembre 2021
■ Marseille

Le projet

Après plusieurs reports dûs au contexte sanitaire, Alice Babin est en résidence à La Marelle, en septembre 2021. Elle travaille à son deuxième roman, un texte sur la solitude, nos évasions secrètes.

Note d’intention de l’autrice

Ces derniers mois, des solitudes ont saisi mon regard.

De ma fenêtre, dans la rue, au parc, dans les transports, j’ai vu des gens seuls. Un monsieur un peu âgé, marcher sur son balcon, tous les soirs pendant quinze minutes environ – huit pas aller / huit pas retour, j’ai compté. Une voisine installée sur son canapé, tard le soir, sans bouger, jusqu’au moment du coucher. Un homme courir dans un stade pourtant fermé, à la nuit presque tombée, agitant les bras un tour sur trois. Une autre femme encore, profiter de secouer son tapis par la fenêtre, pour faire une pause, les bras tombant lourds, mais la tête loin devant. Un homme marcher le long du périphérique, les cheveux blonds ébouriffés, avec un sac à dos et des sandales de randonnées. Un autre habillé en banquier, mallette bien serrée, parler tout seul en traversant sur le passage clouté.
Sur un stade de foot où je me suis rendue toute l’année, pour voir ce qu’il s’y passait, toujours : des mères attendant un enfant dans une voiture, chantant à tue-tête ou priant la porte ouverte. Des pères ne dérogeant à aucun entraînement, rêvant discrètement et hurlant à l’heure du coup franc. Une petite fille assise par terre, attendant la fin de séance de son grand-frère, se disputant elle-même, les yeux froncés, les bras croisés, comme dans le théâtre des grands.

Ces solitudes-là ne m’ont jamais semblées tristes, ni bizarres. Au contraire, elles me faisaient l’effet d’un moment sacré, d’une précieuse étrangeté. J’en étais émue. Spectatrice au hasard de ces rendez-vous suspendus, je me suis petit à petit sentie habitée par eux. Je m’imaginais leur vie, d’où ils venaient, ce qu’ils fuyaient, et ce qu’ils cherchaient aussi. Je pensais à cette nécessité, à ces congés octroyés, et je réalisais combien ces expériences individuelles étaient partagées.

En résidence à la Marelle de Marseille, je veux grimper sur cette microscopique échelle de la vie, qui vient réveiller ce que certain.es nomment folie. Loin du grand tout, loin des grands bruits, je suis persuadée que la solitude réunit.

Cela serait un hommage à nos échappées. À nos territoires secrets. À nos libertés.

La solitude est toujours accompagnée de folie.
Marguerite Duras

Alice Babin


La première chose que je peux vous dire…


La "revue radiophonique", enregistrée en studio à distance puis diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.


Le lieu de résidence

À Marseille, La Marelle dispose de deux appartements indépendants, l’un sur le site de la Friche la Belle de Mai, l’autre à proximité du Palais Longchamp.

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