Skip to main content

En résidence de création

La pétanque de Boltzmann
Boris Crack

■ Février/mars 2020
■ Marseille
[Appel à projets numérique]

Le projet d’écriture

Un texte peut-il avoir sa propre vie ? Peut-on imaginer un ouvrage qui change, qui évolue, dont les éléments se ré-agencent et se transforment à chaque fois qu’on le ferme/le quitte des yeux comme les particules quantiques ? Boris Crack est le lauréat de l’appel à projets 2020 "Résidence d’écriture numérique".
PANDÉMIE DE COVID-19 : la résidence s’est terminée "à distance".

Note d’intention de l’auteur

Tous les textes que j’ai écrits autour de l’astronomie et de la physique quantique n’ont jamais été rassemblés/retravaillés : c’est que le format du livre papier, du livre au sens classique du terme, ne s’y prête pas. Il faut un livre quantique. Un livre quantique, un support électronique, qui ait sa propre vie, et qui aille, dans le fond comme dans la forme, aux frontières du sens, faire buger, faire blaguer notre représentation du monde ; entre science, littérature et web design.

Mes explorations ont accompagné la création de deux performances, d’autres textes sont venus documenter mon expérience en tant que juré du prix Ciel & Espace, décerné au meilleur livre d’astronomie francophone, et présidé par l’astrophysicien Roland Lehoucq, tandis que certains travaux sont nés à l’occasion de collaborations avec l’Observatoire de l’Espace du CNES. L’essentiel de cette production/réflexion trouve son origine dans la lecture d’un ouvrage fascinant : Les Univers parallèles : du géocentrisme au multivers de Tobias Hürter et Max Rauner (CNRS Éditions). C’est dans cet essai que j’ai découvert les théories de Ludwig Boltzmann, père de la physique statistique, préfigurant la physique quantique. “Le multivers à la Boltzmann est le plus simple à envisager, y lit-on : partout règnent les mêmes lois de la nature, seule la disposition des particules varie selon la loi du hasard. Parce que l’Espace est infiniment grand, le hasard le plus incroyable survient également un jour quelque part. Cela pourrait être par exemple ce livre qui vous saute spontanément des mains dans l’instant et s’enfuit sur ses pages, si les mouvements thermiques de ses atomes coïncident par hasard. Ou bien imaginez que les atomes dans votre chambre forment spontanément une entité consciente. Peut-être faite de silicium, peut-être de chair et de sang. C’est extrêmement improbable, mais pas contraire aux lois de la nature. Les cosmologistes appellent Cerveaux de Boltzmann de telles créations.”

Durant cette résidence à La Marelle, j’aimerais tout particulièrement étudier une possibilité : celle de rendre cet ouvrage vivant, cet essai vraiment quantique.

Un texte peut-il avoir sa propre vie ? Peut-on imaginer un ouvrage qui change, qui évolue, dont les éléments se ré-agencent et se transforment à chaque fois qu’on le ferme/le quitte des yeux comme les particules quantiques ? Peut-on imaginer un livre qui échappe au lecteur comme les particules élémentaires échappent aux règles de notre monde macroscopique ? Ou, autrement dit : à partir de mon matériau, comment tendre un piège malicieux aux lecteurs du monde 3.0 ? À chaque fois qu’on reviendrait vers mon essai, on aurait l’impression que quelque chose a changé, que ce n’est pas le même, comme si c’était à une autre version du livre qu’on avait à faire désormais, sa version dans un monde parallèle, légèrement différente, jamais tout à fait la même, en constante évolution. Cela pourrait se faire via un travail de programmation mais peut-être aussi via un usage expérimental des hyperliens dans le but de créer une circulation imprévisible au sein du texte, ou l’intégration de contenus évolutifs, d’images aléatoires, etc. ; autant de pistes à explorer.

Pour finir, cette résidence serait l’occasion de procéder au rapprochement inattendu entre ce travail tourné vers l’Espace et un projet plus récent, s’intéressant cette fois-ci au Temps et à l’histoire : celle de l’Europe et de sa chute, via l’exploration de l’île de Malte, une île-OVNI. Et de donner à ce travail d’écriture électronique une dimension politique tout autant que quantique.

Boris Crack



Partenaires et structures associées

Cette résidence est proposée en partenariat avec Alphabetville.

 

Le lieu de résidence

À Marseille, La Marelle dispose de deux appartements indépendants, l’un sur le site de la Friche la Belle de Mai, l’autre à proximité du Palais Longchamp.

  • Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.