Accéder au contenu principal

En résidence de création

Souple et caressante
Norah Benarrosh Orsoni

■ Mai à juin 2022
■ La Ciotat

Le projet

Norah Benarrosh Orsoni est en résidence à La Marelle en mai et juin 2022. Elle y poursuit l’écriture d’un roman entamé il y a un an. C’est une histoire de socialisations enfantines et adolescentes, de celles qui forgent les normes, les hontes et les colères. Une histoire de la domestication genrée des corps mutants à la puberté, et une exploration de quêtes identitaires, incarnées, ici, d’un côté par le collectif adolescent des colonies de vacances et de l’autre par le collectif familial de la judéité séfarade.

Pour restituer les tiraillements de la narratrice entre des loyautés difficilement réconciliables, le récit met en place des effets de miroir : l’amie impossible ou l’amie encombrante ; les adultes qui nous aiment ou ceux à qui on voudrait plaire ; la famille ou l’école ; les brunes ou les blondes ; les garçons ou les filles.

Note d’intention de l’autrice

Pour écrire ce roman, j’ai commencé par fouiller dans mes archives personnelles et leur exploitation a agi comme un déclencheur. Le récit qui a pris forme s’en est depuis éloigné, mais les archives restent un substrat fertile : comme d’autres écrivent en fumant, j’écris parfois devant des photos ou des lettres.

Ce récit d’une subjectivité adolescente, narrée à la première personne, est une enquête sur l’origine de la honte et de la colère, et sur les façons possibles de déserter ces deux sentiments. Il existe des lois propres aux sociétés juvéniles, et nombre d’entre elles concernent le corps. Les collectifs inquiets et bruyants que forment les adolescent·es ont besoin de désigner des ennemis intérieurs pour définir en creux la bonne façon de grandir. Avec ce récit, je cherche à restituer la manière dont les moqueries peuvent renforcer, chez celui ou celle qui les subit, le zèle à se conformer à une norme genrée exemplaire. Un zèle qui peut conduire à incarner à son tour cette loi à l’égard des coupables surpris à transgresser les consignes. La narratrice, observatrice et réservée, scanne les comportement des autres autant qu’elle décortique les siens, pour tenter de saisir ceux dont elle devrait s’emparer pour sa propre transformation. Avec sarcasme et ironie, elle traque autant les gestes qui font les silhouettes diaphanes et les rires cristallins que les erreurs rassurantes par lesquelles fautent parfois les filles châtain clair. 

En miroir de ces inquiétudes, ce récit fragmentaire est aussi le portrait que la narratrice fait de sa famille. Il y a un pays perdu, une grand-mère dont chaque geste est un refuge, il y des jalousies et des mesquineries, des joies immenses toutes contenues dans des objets dérisoires. Il y a, pour elle, l’impatience totale d’échapper enfin à cet âge inhabitable, et la nostalgie déjà des pertes qui viendront en grandissant.

Norah Benarrosh Orsoni

À écouter…

La première chose que je peux vous dire…


Un entretien avec Norah Benarrosh Orsoni autour de la revue de La Marelle. Une rencontre animée par Roxana Hashemi, enregistrée en studio à la Friche la Belle de Mai, diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.



Le lieu de résidence

Début le printemps 2021, La Marelle a ouvert cette nouvelle "maison", la Villa Deroze, située au milieu des pins, sur les hauteurs de la cité portuaire de La Ciotat. Confiée avec générosité par Danielle Deroze, elle est destinée à accueillir artistes, auteurs et autrices, pour des projets de création qui souvent se croisent ou s’hybrident.

 

  • Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.