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Festina Lente

Carnet de résidence

Don Datto di Melito

13 Août 2018

L’ultime résidence d’écriture vient de s’achever au pied du volcan La Soufrière au domaine de Samana Gwada, qui accueille des artistes de tous horizons dans son havre de paix. Les conditions royales d’un quatre étoiles : jacuzzi, langoustes, et bar à rhums d’excellence. Don Datto di Melito était du voyage sur un autre vol. Lui ne m’a jamais dit où il logeait. Il escaladait la colline comme un crabe de mangrove à la nuit, et apparaissait sur ma terrasse pendant que je m’exerçais aux craies grasses et aux fusains en l’attendant. (Je dessine à l’occasion de chaque résidence pour m’aérer l’esprit). Dans la dernière ligne droite, mon précieux guide pirate voulait s’assurer que je l’avais bien suivi sur sa route parsemée d’étoiles de mer, et d’épaves.

Nous avons sifflé pas mal de bouteilles de rhum ensemble pendant qu’il relisait la version éditeurs complète des Contes de l’Alycastre Tomes I & II. Nous avons bien ri aussi. Comme son français n’est pas terrible et que mon italien est approximatif, j’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises pour commenter certains évènements annotés depuis les origines : depuis ma première visite au fort de l’Alycastre en 2005 sur l’île de Porquerolles en compagnie de mon fils qui me demanda, enfant, ce que signifiait le nom de cette redoute en ruine… Il en aura fallu du temps à mon équipe de spécialistes pour débroussailler tous les kilomètres de tablettes de plomb, de papyrus, de parchemins, d’incunables, de traductions, de langues perdues, de confidences de maraudeurs et de pilleurs d’épaves pour retracer, par témoignages entrecroisés, l’épopée méditerranéenne d’un petit dragon oublié. L’Alycastre a fait couler beaucoup d’encre et provoqué bien des courses avant de s’échouer sur la rive septentrionale de l’une de nos îles d’Or. J’y ai suivi en orpailleur le sillage de l’insaisissable Don Datto di Melito qui m’avait suggéré de commencer par là ; ce que j’avais fait.

Comme c’est lui au résultat qui nous a fourni le plus de matériel historique et de clefs de lecture, je lui ai proposé in fine que ce soit lui qui signe ces contes et pas nous, même si nous sommes sa main forte. Il a accepté à la seule condition que son identité ne soit jamais révélée. Je m’étais beaucoup avancé jusqu’ici auprès de tout le monde sur cette perspective. Même si j’ai engagé ma plume dans cette aventure, je ne pouvais pas usurper le travail de son véritable auteur. C’est aujourd’hui chose faite. Ouf ! Don Datto vient de valider le Chant XXI & l’Épilogue, et d’y apposer sa griffe. Les notes de bas de pages sont, à quelque chose près, toutes intégrées. On dit souvent que le diable est dans les détails mais là, dans un détail singulier de cette aventure, il y a un trésor englouti qui se cache toujours dans un cimetière sous-marin, à quelques brasses seulement sous la mer. Je ne peux pas tout vous dire dans ce billet ; ce serait trop long. Il vous faudra lire l’ouvrage. Cette énigme reste en suspens. J’en ai déjà résolu beaucoup d’autres dans cette affaire, mais celle-là, je vous la laisse.

 

Extrait du carnet de bord des « Contes de l’Alycastre » de Dominique Dattola, directeur de la publication, en résidence au domaine de Samana Gwada le 13 août 2018. Affiche Labo511 AZOTH Studio.

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