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© Aodren Buart

παράδεισος

Carnet de résidence

Aodren Buart

12 mai 2022

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Travaux de résidences

À Hyères, derrière la deuxième enceinte de remparts, file la rue Paradis. Elle est pavée, étroite, on la traverse, je veux dire : on peut la quitter, on peut y revenir. Paradis, παράδεισος. En grec, c’est l’enclos pour les bêtes, ou le jardin clos. Par jardin, entendre potager, verger, car il n’est pas question d’autre chose. C’est l’espace de terre où l’on cultive les plantes qui donnent. À l’époque médiévale, la rue Paradis était l’endroit dans la ville où l’on faisait pousser les légumes. La terre, pourtant, y était moins riche que dans la plaine, mais il fallait cet endroit-là, derrière la herse, dans l’enceinte protectrice. C’est là que l’on aurait à vivre un siège s’il s’en présentait un. C’est là qu’on manquerait de vivres. C’est là qu’il faudrait en produire. Sans ce paradis, comment tenir ?

Prendre trois rues, remonter, entrer dans le jardin Saint-Bernard, grimper jusqu’à la troisième terrasse, s’arrêter. Ici, dans ce jardin qui se répand sur la pente, sont venus se poser des oiseaux singuliers. Oiseaux de paradis.

Ces grandes tiges florales qui s’ouvrent avec majesté, montrent leurs plumes tout en tendant leur bec. Elles se tiennent là, et faudrait-il s’étonner si l’une d’entre elles baissait son cou à terre pour attraper un insecte ? Ces oiseaux se sont installés ici quand on a détruit le jardin clos pour construire la rue pavée. Ils ne sont pas allés très loin, les limites de la ville étaient leurs limites.

Hyères tire son nom d’une lente transformation du mot latin aerea : cour, jardin, maison.
Cette ville est un jardin, comprenez-vous ?

 

Jardin clos assiégé. En sortir, c’est se rendre ou mourir.

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