Une série de cinq documentaires audio réalisés en 2012 par l’écrivain Xavier Bazot, en résidence d’écriture à La Marelle.
Témoignages et entretiens
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Xavier Bazot
Les documentaires audio de Xavier Bazot Témoignages et entretiens
En 2012, Xavier Bazot a effectué avec La Marelle une résidence d’écriture un peu particulière. Elle s’est en effet déroulée en trois temps :
d’abord du 2 au 28 juilllet à la Villa des Auteurs, à la Friche la Belle de Mai, où se situe l’appartement de résidence de La Marelle
puis du 29 septembre au 15 octobre, d’abord sur le ferry reliant Marseille à Tunis (Cycle « La Marelle prend l’eau », en partenariat avec la compagnie maritime SNCM), et à Tunis, où il a été accueilli et logé grâce à la complicité amicale d’Elizabeth Daldoul, des éditions Elyzad
enfin du 16 octobre au 4 novembre, à nouveau à Marseille.
Son projet fut de réaliser durant cette période un documentaire audio autour de différentes communautés. Xavier Bazot a ainsi collecté des témoignages oraux de personnes rencontrées à Marseille, présentes sur le ferry qui l’a mené à Tunis (passagers, équipage…), ou croisées durant son séjour dans cette ville.
« C’est un pays que j’ai beaucoup aimé ; j’ai vu ce pays accéder à l’indépendance. Ça a été de grands moments, pour moi… Il faut l’avoir vécu pour savoir ce que ça a été, voir un pays qui accède à son indépendance… » Hélène A.
Jeune inspectrice des PTT, en 1947 Hélène A. est nommée, à sa demande, en Algérie, à Tizi-Ouzou, où elle fait la connaissance de son futur mari. Elle vivra là près de cinquante années. Lors de l’Indépendance, elle prend la nationalité algérienne. Face à la montée de l’intégrisme et à la guerre civile en Algérie, son époux et elle viennent habiter en France. Quand l’Algérie impose l’arabisation, Leyla, leur fille, part vivre en France afin de pouvoir donner à ses propres enfants, Mélisa et Nassim, l’éducation de son choix. Nassim retourne en voyage, avec sa sœur Mélisa, puis seul, en Algérie, où il emmène Fanny, la jeune femme avec laquelle il vit. Xavier Bazot. Entretiens avec la famille A. (Hélène, Leyla, Mélisa, Nassim et Fanny), réalisés à Marseille et à Aix-en-Provence en septembre 2012.
« Quand vous voulez danser, chanter, ça sort de vous, du fond du cœur… » Quinina
C’est grâce à Giampaolo Demontis, socio-anthropologue de l’urbain (Alotra), que je puis rencontrer Mme Joséphine Sargero, appelée Quinina. Elle est d’une famille gitane originaire d’Espagne, qui est allée s’installer en Algérie dans le premier tiers du XXe siècle. En 1962, sa famille est venue s’établir sur les rives françaises de la Méditerranée, à Marseille. Xavier Bazot. Entretien conduit avec Giampaolo Demontis
« Je ne suis pas de Marseille, je suis de Paris. Ma famille est en France, voilà, on est entre la France et la Tunisie, la nostalgie nous pousse à aller un peu plus en Tunisie, quand on a l’occasion. Quand la France nous permet… […] Mais on reste étrangers en France et en Tunisie, ça, il faut le dire, ça… »
Entretiens divers, réalisés sur le navire reliant Marseille à Tunis en septembre 2012.
« Je suis née à la fin de la Guerre civile d’Espagne, dans une prison, la prison des femmes où ma mère était emprisonnée pour activités anti-franquistes… » Image : Elodia Turki dans les bras de sa mère, « La Chiqueta ».
Garance Mesguich, qui me reçoit en septembre 2012 à Tunis, me présente à Élodia Zaragoza-Turki. Élodia est née dans une prison franquiste, a vécu bébé avec sa maman, réfugiées, dans les camps d’internement d’Argelès et de Bram, en France. Je connais le camp d’Argelès pour m’être entretenu avec Marie Hubert, une personne tsigane qui a été internée enfant dans ce même camp. Je souhaite suivre ce chemin qui se découvre à moi. Élodia, en compagnie de Garance, et de Robert Tricoire, qui a partagé son enfance et son adolescence en Tunisie, accepte que nous l’accompagnions à travers sa vie, en Espagne, en France, en Tunisie, puisque ces trois pays sont siens. Au-delà de son récit, Élodia Zaragoza-Turki nous invite à apprendre à reconnaître les actes qui se proposent à nous, ou les personnes qui viennent au-devant de nous pour nous aider à accomplir ce pourquoi nous sommes sur cette Terre. Elle nous dit que nous devons savoir prendre les risques qui se présentent à nous, et qui sont autant de chances qui nous sont offertes. Entretien d’Élodia Zaragoza-Turki avec Garance Mesguich, Robert Tricoire et Xavier Bazot, réalisé à Tunis en septembre 2012.
« Je suis le seul dans ma famille comme ça, j’aime bien rester au bled, quinze jours, vingt jours, et être bien, no stress, j’oublie complètement le goudron, la circulation… Les autres s’ennuient vite, “il n’y a rien à faire, on reste trois jours et on rentre !” »
Entretiens divers, réalisés sur le navire reliant Marseille à Tunis en septembre 2012.
« Un assyrien et un chaldéen, ce sont des chrétiens de même civilisation, de même culture, de même histoire ; les uns sont catholiques, les autres ne le sont pas. […] On a des différences, mais il y aussi une communion très impressionnante. » Frère Mérigoux
Nassim Amrouche me parle de la présence d’une communauté assyro-chaldéenne à Marseille. Un séjour en Jordanie, en 2002, à l’invitation de Éric Auzoux, directeur du Centre culturel français de Amman, m’a permis de vivre dans un village chrétien proche de Kerak, Smaqquieh, où j’ai été accueilli par une communauté melkite, de rite byzantin. À Marseille, le Père Sakvan M. Younan et le Frère Jean-Marie Mérigoux, dominicain, m’introduisent auprès des familles assyro-chaldéennes, venues de Turquie ou d’Irak par vagues successives au cours du XXe siècle, au gré du génocide arménien en 1915, des massacres de 1930, des guerres kurdes dans les années soixante et au-delà, de la guerre Iran-Irak, des deux guerres du Golfe et de l’embargo qui pèse sur l’Irak, des massacres et des exactions plus actuels dont est victime la population chrétienne… Entretiens avec Frère Jean-Marie Mérigoux, Emmanuelle Birgin, le Père Sakvan M. Younan, et des membres de la communauté, réalisés à Marseille en septembre 2012.
Entretiens avec Frère Jean-Marie Mérigoux Durée totale d’écoute : 49 minutes 13, 11 parties
Durant sa résidence à La Marelle, qui s’est établie en juillet et octobre 2012 à Tunis, Marseille et sur le ferry de la SNCM reliant les deux ports, Xavier Bazot a rencontré de nombreuses personnes auprès desquelles il a recueilli des témoignages, des entretiens… Il a ensuite souhaité que La Marelle héberge le résultat de ces enregistrements, rassemblés en cinq grands ensembles, sur lesquels il a travaillé grâce à une bourse de création de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM). La Marelle remercie chaleureusement Xavier Bazot de lui avoir confié ce travail (mis en ligne très tardivement, merci aussi pour sa grande patience !), ainsi que l’ensemble des intervenants qui ont accepté la diffusion de ces enregistrements. De vifs remerciements également aux personnes qui ont accompagné le projet de résidence : Sofiane Hadjadj, Elizabeth Daldoul, Garance Mesguich, Nassim et Fanny…