Projet accompagné
Une autrice en prison
Nine Antico
[Avec l’Agence régionale du livre]
Ils sont là pour tuer le temps, « en prison, il faut pas être pressé », ou parce qu’ils aiment les mangas et moi, finalement, je me sens comme une sorte d’invitée, dans leur quotidien comme dans leurs cellules bien rangées.
Le dispositif artistique
Deuxième année d’expérimentation
du programme « Une autrice, un auteur en prison »
Dans le cadre de sa mission de développement de la lecture et de modernisation des bibliothèques carcérales, l’Agence régionale du livre Provence Alpes Côte d’Azur a proposé à La Marelle de l’accompagner dans ce dispositif singulier et inédit : des écrivain·e·s sont invité·e·s sur un temps long à travailler en établissement pénitentiaire.
Ce programme de la résidence est construit avec chaque auteur et chaque service d’insertion et de probation (SPIP) ou, dans le cas de cette résidence, avec les éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), en fonction des envies, des possibilités et des attentes du public. Les créations des personnes détenues seront publiées dans la revue de La Marelle, et l’auteur produira un texte également publié par La Marelle.
Le SAS accueille des hommes avec un profil particulier : multirécidivistes, peu scolarisés, pour lesquels nombre de tentatives d’insertion ont échoué. Il fonctionne sur l’individualisation de la prise en charge des détenus avec de multiples partenariats (éducation, santé, culture, etc.) et des activités renforcées : ateliers de communication non violente, atelier sur la violence conjugale, travail en lien avec des EHPAD, maraude citoyenne pour le nettoyage des plages, etc.
Autres résident·e·s sur la même période : Yann Madé et Didier Romagny.
L’autrice
Nine Antico, illustratrice et autrice de bande dessinée, et également réalisatrice, est en résidence à partir du mois de septembre 2019 au SAS (Structure d’accompagnement vers la sortie) de la prison des Baumettes à Marseille. Elle propose un travail de création de fanzines avec les personnes détenues, et participe à leurs autres activités ainsi qu’à la vie de l’établissement.
De cette première semaine plutôt intense, Nine témoigne : "Se retrouver face à eux comme la prof d’arts plastiques que je ne suis pas, avec la conscience que le conseil de classe a déjà statué sur leur cas. Ils sont là (dans mon atelier au titre racoleur de BD) pour tuer le temps “en prison, il faut pas être pressé” ou parce qu’ils aiment les mangas et moi, finalement, je me sens comme une sorte d’invitée, dans leur quotidien comme dans leurs cellules bien rangées."
Si elle passe ainsi plusieurs semaines au sein de l’établissement, elle n’y réside pas à proprement dit, sauf exception…
Nine Antico mène, durant cette même période, un projet d’écriture personnel.
Partenaires et structures associées
Le SAS (Structure d’accompagnement vers la sortie) de la prison des Baumettes à Marseille
La Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)
Le lieu de résidence
Un centre pénitentiaire est un établissement qui comprend au moins deux quartiers différents (maison d’arrêt, centre de détention et/ou maison centrale).
Celui de Marseille, les Baumettes, a ouvert en 1936, en remplacement de trois prisons du centre-ville (Chave, Saint-Pierre, Les Présentines).
En 2017, les personnes détenues prévenues ainsi que la maison d’arrêt des femmes ont été déplacés sur la nouvelle structure Baumettes II. Les personnes détenues condamnées sont restées sur Baumettes Historique, jusqu’à la fermeture définitive de cette structure, en juin 2018. Le centre pénitentiaire de Marseille se compose désormais de deux quartiers hommes (Q.H.1 et Q.H.2) et d’un quartier pour femmes qui accueillent des personnes prévenues en détention provisoire et des personnes condamnées dont la peine ou le reliquat de peine n’excède pas deux ans. Le quartier pour femmes accueille des femmes majeures et des femmes mineures.
L’établissement dispose également d’un centre de semi-liberté, d’une structure d’accompagnement à la sortie (S.A.S.) qui dispose de 101 places, d’une unité hospitalière sécurisée interrégionale (U.H.S.I.) et d’une unité hospitalière spécialement aménagée (U.H.S.A.).
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Résidences en prison
De 2018 à 2020, l’Agence Régionale du livre mène avec La Marelle un projet de résidence artistique mis en place dans le cadre de sa mission de développement de la lecture et de modernisation des bibliothèques carcérales. Le dispositif de cette résidence est singulier et inédit : les écrivains ne logent pas dans l’établissement proprement dit, mais dans une « chambre de garde » à proximité (ou rentrent chez eux le soir). En dehors de leur temps de création (70 %), les auteurs proposent - en coconstruction avec les établissements qui les accueillent - des temps d’ateliers, d’observation et de partage. Par ailleurs ils participent, autant que faire se peut, à la vie de l’établissement, du côté des détenus, mais également du personnel.
Photo : Les Baumettes II © AFP