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En résidence de création

Curiosity
Magali Brénon et Nicolas Tourre

■ Août (Tunis et Marseille)
et septembre 2012 (Marseille)
■ Tunis, Marseille et en mer

Curiosity. L’épopée n’est plus ce qu’elle était

Entre Tunis et Marseille, une correspondance artistique entre une autrice et un plasticien, qui se nourrit de la distance (entre les villes, entre les êtres, entre les modes d’expression) et de l’articulation des visions et des imaginaires, faisant émerger des réflexions sur la notion d’écart, d’odyssée et de périple.

Un projet Texte & arts plastiques du programme « La Marelle prend l’eau ».

Note d’intention du projet

Magali Brénon est éditrice à Paris et autrice elle-même, éditée aux éditions Le Mot et le Reste. Nicolas Tourre, son compagnon, est plasticien.

Son projet de résidence, qui se déroule dans le cadre du dispositif « La Marelle prend l’eau », se déroule en partie en lien avec le travail de son compagnon, le plasticien Nicolas Tourre, avec qui elle a déjà travaillé, en particulier autour de l’idée de lettre et de séparation par une mer (Lanscape for a letter, texte et pièce, présentés à Triangle New York, 2008 et L’Écart, texte écrit à l’occcasion de l’exposition du même nom, galerie Incognito, Paris, 2009).

Ils effectuent ensemble cette résidence à La Marelle, mais en deux mouvements. Un premier mois avec un voyage et un séjour hors-les-murs pour Magali Brénon, qui effectue une traversée Marseille-Tunis-Marseille, grâce à un partenariat avec la SNCM, tandis que Nicolas Tourre travaille sur place à Marseille, à partir des textes, images et impressions envoyées par Magali, mais aussi des échos de l’actualité. Puis des retrouvailles le deuxième mois, pour une mise en commun de ces différentes matières.

La correspondance artistique née de cet échange s’est nourrie de la distance (entre les villes, entre eux, entre leurs modes d’expression) et de l’articulation de leurs visions et de leurs imaginaires, faisant émerger des réflexions sur la notion d’écart, d’odyssée et de périple.
Avec un invité inattendu : le robot Curiosity, un « rover » de la NASA lancé le 26 novembre 2011 et ayant atterri sur Mars le 6 août 2012 dans le cratère Gale.

Au final, une exposition, un livre d’artiste, une performance sonore de Valentina Traïanova…


À l’air livre — Un entretien avec Magali Brénon et Nicolas Tourre

Enregistré à l’occasion de la rencontre publique du 18 septembre 2012
À l’air livre (nouvelle formule) est un cycle de rencontres proposé par La Marelle, villa des auteurs, en partenariat avec La Friche La Belle de Mai. Une fois par mois, un moment privilégié avec des auteurs et autrices, sous la forme d’une rencontre publique enregistrée et rediffusée par Radio Grenouille. Avec la librairie La Salle des machines.


Rencontres publiques

  • Mardi 18 septembre 2012, Petit Théâtre de La Friche de La Belle de Mai – Entre Marseille, La Marsa, Tunis et… Mars. Rencontre publique, présentée par Pascal Jourdana, ponctuée d’images et de sons.
    Une rencontre proposée par La Marelle, en partenariat avec Système Friche Théâtre. Diffusion sur Radio Grenouille samedi 6 octobre 2012 à 10h  (rediffusion mardi 16 octobre à 10h).
    À l’air livre (nouvelle formule) est un cycle de rencontres proposé par La Marelle, villa des auteurs, en partenariat avec Système Friche Théâtre, à La Friche La Belle de Mai. Une fois par mois, un moment privilégié avec les auteurs invités, sous la forme d’une rencontre publique enregistrée et rediffusée par Radio Grenouille.
  • Brenon et Tourre Petit theatre a l air livre

    © Laetitia Santoni / La Marelle

  • 24 mars 2018, La Vieille Charité, Marseille – Un écrivain au Musée : Magali Brénon & Nicolas Tourre
    Dans le cadre de l’exposition « Picasso, voyages imaginaires » (La Vieille Charité, Marseille, 16 février au 24 juin), l’écrivaine Magali Brénon et l’artiste Nicolas Tourre proposent une lecture visite en écho à leur résidence effectuée en 2012.

 « Monte vide eu »
Un mural et un texte inédit pour la Villa des auteurs

En préambule à leur projet de résidence à La Marelle, Magali Brénon et Nicolas Tourre présentent Monte vide eu, une peinture murale conçue pour le premier étage de la Villa des auteurs.
Selon le principe d’une cartographie imaginaire, cette pièce murale fait circuler vers la peinture différents indices géographiques auxquels fait allusion un texte de fiction écrit par Magali Brénon.
Depuis l’écrit, l’image formule une topographie qui laisse le champ libre aux zones de non sens. Lorsque, de l’écrit, la peinture ne peut rien figurer.
Vernissage le 21 juin 2012 à partir de 18 h

Brenon Tourre Monte vide eu vue generale

Monte vide eu vue générale

 

Monte vide eu

Je porte un lourd collier de lave, dont le bruit résonne en lieu et place d’un souvenir enfoui
tel un profond secret dans les zones les plus éloignées de ce que je peux savoir. Ses perles appesanties
s’écoulent avec langueur autour de mon cou alors que dans des lacs endormis je sommeille depuis
des centaines de millions d’années. Autour de moi un paysage de dômes et de volcans éteints, de cra-
tères égueulés. Fleuves, rivières, torrents et cascades s’agitent alentour et je n’en saisis rien. Allongée
dans des eaux glacées bordées de tourbe je me retourne, et dans l’ennui de mes soirées j’aperçois au
loin une montagne.
Monte VI de E.O. : mont six d’est en ouest sur la cartographie des explorateurs. Traduction : Montevideo.

L’air résonne de murmures.
Viens. Surtout ne dis rien. Lève-toi et rejoins le bord.

Monte vide eu. Locution latine. Horizons lointains et renoncés. Je vois une montagne. Je ne vois rien. Montagne invisible.

Je me rendors dans les eaux calmes qui neutralisent mes chambres d’explosion, mais dans mes rêves à présent apparaît en boucle le film de Monte vide eu

Bang.
Sur la montagne, un homme à la peau mate, brillante, satinée me fait signe. L’eau bouge à la surface du lac, remue.
Viens. Surtout ne dis rien. Lève-toi et rejoins le bord.

Mon collier aux lourdes perles se soulève et dans un bruit sourd retombe sur ma gorge ; il n’a pas cédé. Sa coulée basaltique pèse sur mon cou et me prive de ma voix mais les eaux bougent, remuent ; je les transformerai en fontaine de Trevi et de Dolce Vita. Alors l’homme de la montagne entrera dans l’eau pour regarder mes yeux et saisir mes poignets.

Viens !

Je me lève et rejoins le bord aux tapis d’herbes denses ; sur la rive je ramasse une bombe volcanique que je jette au fond du lac endormi où dort une légende selon laquelle il ne faudrait pas réveiller les créatures qui habitent les eaux noires.

Foin !

D’une main déterminée j’arrache mon lourd collier et ses laves giclent et se répandent, redéfinissent le paysage et la cartographie de mon corps. Elles creusent des cratères et cheminées d’explosion, des reliefs accidentés aux bords vifs. Les lacs endormis s’agitent et remuent. Sur la pierre et le feu, l’eau, bleutée, a la même teinte que ma peau qui infuse depuis des lustres dans mes pensées sauvages.

Fleuves, rivières, plages, lagunes et langues de sable ; l’horizon s’ouvre sur la cartographie de ta peau mate, brillante, satinée, et sur le déluge de rêves de mes lits surpeuplés.

Monte VI de E.O. : mont six d’est en ouest sur la cartographie des explorateurs et de ta peau. Traduction : Montevideo


Magali Brénon

La Marelle prend l’eau :
un programme de résidences

Le programme « La Marelle prend l’eau » consiste à organiser une série de résidences et de déplacements d’écrivain·es sur des ferries de la SNCM qui assurent la liaison maritime entre Marseille et Alger, ou Marseille et Tunis, complétée de plusieurs temps de résidence à Marseille (La Marelle, la Friche la Belle de Mai), à Alger et/ou à Tunis. 

Cette résidence flottante provoque un environnement favorable à la création. La rencontre avec les voyageurs et avec le personnel de bord, la vie à terre et pendant les escales, l’imaginaire des récits liés à cette traversée (à la fois chargée de mythes mais aussi un voyage « ordinaire » et régulier pour de nombreuses personnes), constituent un matériau de travail et d’inspiration. Voyages et résidences hors-les-murs sont vécues par les autrices et auteurs participant à ce programme comme un espace-temps particulier, un « entre-deux ». Lien et passage, mais aussi lieu en soi : l’esprit même du voyage.

Pendant chaque résidence

À terre, certains écrivains proposent de tenir un blog qui rende compte de leur résidence, de l’avancée de leurs travaux, de leurs rencontres, etc. Leurs lecteurs et lectrices sont invité·es à réagir et répondre.
À bord, il peut être possible de les rencontrer pour, selon les cas, discuter de manière conviviale de leur travail, assister à une lecture, participer à un atelier… 

Les lieux de résidence

L’hébergement de Magali Brénon à Tunis a été assuré par Garance Mesguich, grâce à l’intermédiaire d’Elisabeth Daldoul, directrice des éditions elyzad.

À Marseille, Magali Brénon et Nicolas Tourre ont été accueillis dans l’appartement de La Marelle situé à la Friche la Belle de Mai.

Et en mer, Magali Brénon a été accuillie de la SNCM sur le ferry reliant Marseille à Tunis.

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