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En résidence de création

Dehors
Violaine Bérot

■ Février 2025
■ La Ciotat

Le projet d’écriture

Durant sa résidence à La Ciotat, Violaine Bérot travaille sur l’écriture de Dehors. 

Note d’intention de l’autrice

Dans l’un de mes romans, Comme des bêtes (Buchet-Chastel, 2021), le personnage principal est un homme marginal, que sa mère a soustrait aux établissements psychiatriques pour lui permettre une vie libre, en montagne, dans la nature. Cet homme que la société juge « anormal » a un don avec les bêtes qu’il soulage et soigne par ses mains.

Cet homme-là n’existe pas, il n’est qu’un personnage de fiction. Mais je sais d’où il vient, pourquoi j’ai eu besoin de l’inventer.

De 2002 à 2007 j’ai vécu une expérience professionnelle qui n’a jamais cessé depuis de me hanter et de m’interroger. Mon compagnon et moi étions alors éleveurs, et dans notre ferme pyrénéenne nous avions divers animaux en petits troupeaux. Par le hasard de rencontres, nous avons un jour reçu des enfants d’un hôpital psychiatrique. De là est née une collaboration qui a duré cinq ans.

L’hôpital nous envoyait pour de courtes journées des petits groupes d’enfants âgés de 6 à 10 ans, des enfants exclus d’une scolarité classique qui passaient le temps scolaire à l’hôpital en service pédo-psychiatrique.

Immédiatement il s’est passé entre certains de ces enfants et certains de nos animaux des interactions sidérantes. Les encadrants de l’hôpital, quand nous faisions un rapide bilan en fin de journée, nous disaient leur étonnement devant le comportement inattendu des enfants. De notre côté nous n’en revenions pas des réactions de nos animaux.

Je n’ai jamais écrit cela, ne sachant comment rendre compte de ces petits miracles pour dire au plus juste la réalité de ce qui se passait tout en respectant l’anonymat des enfants.

Récemment j’ai publié un récit sous forme poétique, Nuits de noces (La Contre-Allée, 2023). Il me semble que cette forme-là me permettrait de décrire ce qui a eu lieu entre enfants et animaux, de retranscrire ce vécu.

Peut-être fallait-il aussi que du temps soit passé entre cette expérience de vie et sa transformation en récit. Je pense que le moment est venu de faire de ces expériences quasi miraculeuses un objet poétique.

Violaine Bérot



Extrait

« Elle ne veut pas qu’on l’approche
elle ne supporte pas le contact

ça l’affole
le chien qui passe trop près
les chats
les chevaux
les poneys
les chèvres
elle panique
ils sont trop curieux
ils veulent venir la voir de trop près
ça l’affole
elle ne supporte pas
qu’on l’approche
qu’on la touche

et puis le poulailler
elle entre dans l’enclos des poules
peu de poules
cinq
un coq

elle le devine tout de suite
que les poules
le coq
ne l’approcheront pas
ne la toucheront pas
qu’ils n’aiment pas ça
comme elle

elle s’assied par terre
dans le poulailler
les poules picorent autour d’elle
et le coq
ils picorent sans l’approcher
ils picorent sans la toucher
ils sont tout près mais jamais trop près
la juste distance
elle aime bien
ils aiment bien

elle reste là
tout l’après-midi
tranquille. »

Extrait du projet en cours Dehors, 2025, Violaine Bérot

Le lieu de résidence

Depuis le printemps 2021, La Marelle a ouvert cette nouvelle « maison », la Villa Deroze, située au milieu des pins, sur les hauteurs de la cité portuaire de La Ciotat. Confiée avec générosité par Danielle Deroze, elle est destinée à accueillir artistes, auteurs et autrices, pour des projets de création qui souvent se croisent ou s’hybrident.

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