Autosurveillance #2
Comme prévu, le gouvernement annonce l’abandon provisoire de l’âge pivot de la réforme des retraites (alors que non, en fait). Il fait un temps estival. La moyenne d’âge de la Friche, un dimanche pareil, est en moyenne de huit ans. Concours de skate et les jeux à tous les étages. Un enfant lance sur mon passage une pièce de dix centimes, en criant : « Je déteste l’argent ! ». C’est la deuxième fois que j’entends cette phrase en quelques jours, un ami ayant eu cette exclamation dans une brasserie à Olympiades, sans que rien ne justifie une pareille sortie. Sur le chemin vers le parc Longchamp, le café Belleville-sur-mer est ouvert. Je comprends soudain ce qui justifie le nom du café : la rue Esperandieu, en face, dessine exactement le même type de relief que le quartier parisien que j’arpente régulièrement. La butte est exposée plein sud, le soleil donne comme un fou derrière, ça donne envie d’aller jeter un œil là haut en espérant dénicher une vue sur la ville mais non, la rue redescend simplement en un virage tout simple. Sur un mur, quelqu’un a écrit en tout petit : « J’aime pas trop la police ». En face, un tag bleu : « Atriplex halimus ». Il s’avère après googlisation que cela signifie pourpier des mers, un arbuste dont les feuilles peuvent être consommées en légumes.
En visitant le parc Longchamp, je repense à la surveillance, lève le nez et constate, comme une vérification de routine, que j’ai été filmée en montant vers la cascade. En fait, dès que je regarde autour de moi, je vois une caméra.
Mon ami L. m’appelle, il a une rage de dents mais il viendrait quand même bien déjeuner avec moi demain à la Friche, à confirmer, cela dépendra de son dentiste. J.M. m’écrit pour me proposer de rencontrer des amis qui tiennent des cinémas, ou qui militent. Z. aussi m’écrit pour prendre un café, je l’ai rencontrée à Berlin et elle travaille avec une productrice normande, dans tout ça j’en avais oublié qu’elle habitait à Marseille.