Autosurveillance #10
Nous sommes nos propres agents de surveillance, nos propres geôliers, ne cessent de répéter les experts et les intellectuels au sujet de la traçabilité. Moi aussi je m’enferme. Le titre se confirme. Et une structure, mais qui me semble encore trop compliquée. Chaque jour une nouvelle violence policière tombe, une idée me traverse bêtement, pourquoi pas écrire en fonction de l’actualité. Je réalise que c’est ce que font les scénariste de "Plus belle la vie" (dont les studios sont d’ailleurs situés à 50 mètres de là.) J’abandonne l’idée.
Boltanski : « Il faut oublier. La vie n’est vivable que si on oublie ».
« Il est jaloux de tous les mecs qui m’approchent » dit une femme sur le Vieux-Port, alors que je me dirige vers le tribunal correctionnel. Les paroles entendues, les choses vues, le contexte, je me mets à surveiller tout et tous comme si j’étais un agent, j’essaie de vivre cette expérience. Je fais un détour pour admirer la vue de l’abbaye Saint Victor, qui date quand même du Ve siècle. Un écriteau prévient : l’intérieur témoigne de la splendeur passée. J’entre. Ce qui me frappe surtout, c’est la collection de santons derrière une vitre. Parmi eux, Fernandel.
Au tribunal correctionnel, une jeune femme passe à la barre pour conduite sans permis. Son avocat s’étonne que les bandes de vidéosurveillance n’aient pas pu être saisies pour prouver l’acharnement des policiers sur elle lors de son arrestation. Je reçois plusieurs messages, un de la Marelle, un autre de R. : la mairie de Marseille est attaquée pour abus de pouvoir par la Quadrature du net et la Ligue des droits de l’homme en raison d’un système de vidéosurveillance dit « intelligent » qui serait en cours de test (détection de mouvements, de température, prise d’ambiance sonore), et le système n’a pas été approuvé par la CNIL (c’est d’ailleurs la CNIL qui a refusé il y a quelques mois que la reconnaissance faciale soit testée au lycée Ampère). J’écris à la Quadrature du Net.